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Coronavirus : Témoignage d’une infirmière congolaise engagée dans la lutte contre la Covid-19 en Belgique.
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Infirmière congolaise en Belgique

Béatrice FUTSHU est infirmière depuis 28 ans. Elle a commencé ses études au Congo/RDC dans une école de missionnaires Suisses avant de se rendre au CHU de Lausanne. Depuis 2004, Béa exerce au Service des Soins Intensifs dans un hôpital en Belgique et depuis 2006, dans le Service de Diabétologie. Interviewée par www.sante.cd, voici ce qu’elle nous rapporte en quelques lignes.

Q/ Comment avez-vous vécu la crise du COVID au niveau professionnel?

R/ Il y avait beaucoup de relations informelles tant avec les médecins que les patients. Nous n’avions au début aucune information fiable et ne savions pas qu’il fallait se protéger pour effectuer les soins. Nous avons certainement contaminé sans le savoir des collègues. Pourtant nous étions testés mais au vu des symptômes développés et des tests qui étaient semble-t-il des FAUX négatifs nous avons du continuer a travailler (nous parlons ici de faux négatifs car par après les tests de sérologie ont prouvés que nous avions développé des anticorps). Les situations étaient très stressantes, les rythmes élevés, pas de repos et pas d’engagement de personnel malgré la densité de travail. Beaucoup d’entres nous portent encore les séquelles de la maladie comme des flébites, troubles suite aux situations de stress qui deviennent chroniques voire de nouvelles maladies découlant de la situation de travail du au COV.

Q/ Quelle était dans cette circonstance la relation au patients?

R/ Très difficile surtout parce que les visites n’étaient pas autorisées, ni les contacts avec la famille. Les soins également car tout était centralisé et le matériel n’était pas toujours disponible au temps désiré ce qui ralentissait parfois le processus de soins. Un autre soucis était le manque d’appétit des patients. Ils ne voulait pas manger. Par manque de temps nous mettions la nourriture à disposition sans pouvoir assurer la stimulation à l’alimentation nécessaire. Tout restait ainsi,…

Q/ Et le traitements des patients?

Cela dépendait d’un patients à l’autre. Certains arrivaient et nous les mettions directement sous respirateur tout en suivant le protocole des soins intensifs (dans une seconde phase, les patients COV étaient isolés). Suite à une étude italienne des malades autopsiés nous avons donné aux patients des anticoagulants afin d’éviter les thromboses et les problèmes pulmonaires (lors de détresses respiratoires). Quant aux décès, nous suivions les consignes d’éviter la propagation. Les corps étaient immédiatement mis dans des sacs étanches et la morgue devait être le plus rapidement possible vidée. Le deuil des familles était très difficile sans adieux en isolement complet, les conséquences seront certainement à long terme au niveau social et pshycologique.

Q/ Parlons des répercussions sociales?

Le personnel a été atteint et des conséquences long terme sont a craindre : handicaps (neuropathies), phobies, les frais pour le personnel soignant encore en maladie professionnelle qui doivent payer leurs soins : sans que leur statut ne change auront certainement un impact. Il s’agit d’un accident de travail, nous avons basculé vers l’état de victime et n’avons rien en retour même pas la reconnaissance comme accident de travail du à l’exposition.

Q/ Vos recommandations en cette période de re-confinement?

Portez le masque (le plus possible), tenez vous distances sociales et réduisez vos regroupements et surtout restez en bonne santé. La maladie est plus grave selon votre taux de morbidité et votre état de santé, prenez les mesures de précaution nécessaires si vous souffrez d’autres maladies tel que le diabète. Evitez de voyager, car lorsque vous voyagez les mesures de sécurités nécessaires ne sont pas prises de façon optimale : exemple l’air pulsé des avions, les masques ne sont que recommandés, les mesures de précautions ne sont pas renforcées. Il en est de même pour les airs conditionnés notamment en Afrique. Ces derniers ne sont souvent pas entretenus et les filtres ne sont pas changés régulièrement. Notons qu’avec le COV nous n’avons pas pu faire des aérosol aux patients afin d’éviter les contaminations invasives, il faut travaillez en circuit fermé donc…

Merci de cette contribution, nous nous permettrons de revenir vers vous…

La Rédaction

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